RELATION DE LA. MORT DB MM. DE GUISE.        4<-3
Soudain cet avis fut donné au Roy, qui répondit avoir eu le matin un pareil avertissement, et commanda au porteur de l'avis de continuer à le bien et fidéle­ment servir. Vous sçavez que le Roy avoit accoutumé de reglement dîner à dix heures : il advint que le jeudy ara décembre, Sa Majesté sortant de la messe, le duc de Guise, toujours colé à son côté, passa au grand jardin en attendant son heure, étant arrivé, le Roy le tire à l'écart pour se promener eux deux; et en méme-tems que Sa Majesté commença de parler du dessein de leur guerre, le duc le tranche court, et change de discours. Ils furent si long-tems, que chacun de ceux qui étoient présens, et les absens, s'étonnoient de ce que le Roy outrepassoit ainsi l'heure accoutumée de son repas : car il étoit midi. Or de sçavoir ce qui se passa entr'eux durant ce tems-là, on ne l'eût sçû dire, n'y ayant vû que des gestes et des actions de contes­tation, et dont l'on ne pouvoit faire jugement que de sinistres conjectures.
Mais quelques jours après la mort du duc de Guise, madame la duchesse d'Angoulême C1) arrivant à Blois' trouva le Roy au lit, malade d'une légère mais dou­loureuse indisposition (»), où je me trouvai lorsque Sa Majesté lui raconta particulièrement ce qui s'étoit passé cette matinée-là entre lui et le duc. Le Roy donc, après avoir sommairement touché les occasions que le duc de Guise lui avoit donné pour le porter à se ressentir
(*) La duchesse «tAngouléme : Diane, légitimée de France, fille na­turelle du roi Henri n; mariée d'abord à Horace Farnèse, mort au siége de Hesdin en 15 53; et en secondes noces i François, duc et maréchal de Montmorency, fils ainé du connétable. — (-) Doulou­reuse indisposition : Cette indisposition étoit causée par des hémor­roïdes.
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